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Le PS à la rue quand il parle des villes

06/11/2010

Les socialos se penchent sur la politique de la ville. Une masturbation intellectuelle plutôt stérile.

C’est le bouillon des idées au PS. Dommage que leur soupe soit si fade. Samedi, les socialos ont tenu à Lille, chez Martine Aubry, un forum sur la politique de la ville. Il a été maintenu malgré la journée de mobilisation sur les retraites. Le forum sur la sécurité n’a pas eu le même privilège. Prévu lors des manifs du 2 octobre, il a été déplacé au 17 novembre. Dans le même temps, le PS a aussi lancé sa convention sur « l’égalité réelle ». Autant de dispositifs pour montrer que le PS a des idées pour 2012. En quantité mais pas en qualité.

Le parti a choisi de séparer ses réflexions sur les inégalités, la sécurité et la ville, comme si ces problèmes n’étaient pas liés. On accumule les propositions technocratiques sans donner du sens, une cohérence politique aux choses. A trop courir derrière la crédibilité, le PS en oublie de livrer un discours lisible. La faute à des complexes profonds. Le parti refuse de passer pour irresponsable ou comme sclérosé par les conflits de personnes. Alors, il pense. Ou plutôt, il veut montrer aux médias et à l’UMP qu’il pense. Les élites parlent aux élites.

Et le monde rural ?

D’ailleurs, pourquoi le PS parle-t-il de la ville et non de la campagne ? Parce que les « quartiers sensibles », ça peut attirer deux ou trois caméras. Les Français sont majoritairement urbains. Sarkozy a été hué à Argenteuil. Les émeutes dans les banlieues ont 5 ans. C’est tout bon pour l’image du socialisme Soléfrinien. Mais le chômage, la précarité ou le manque de services publics touchent autant si ce n’est plus les ruraux que le 93. Le PS parle bien des aspects économiques de l’agriculture mais pas de la situation globale de tous les ruraux.

Cela montre que pour le PS, « l’égalité réelle » n’est qu’un concept marketing. Au même titre que « la croissance verte ». Après le greenwashing, le parti se lance dans le redwashing. Une voie où parler de social n’est plus une pensée politique mais un alibi médiatique. Derrière une bonne volonté pour lutter contre les injustices se cachent de graves lacunes et incohérences. Un peu comme le bobo qui mange bio mais qui part en avion à Marrakech. Aujourd’hui, le PS ne cherche plus à être de gauche mais à faire de gauche.

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  1. 06/11/2010 à 22:26

    Billet très pertinent! En particulier sur cette approche technocratique qui consiste à séparer les causes des effets (urbanisme, violence, sécurité,inégalité) pour au final donner l’impression qu’on maîtrise le sujet…faire croire que!
    « La faute à des complexes profonds. »
    La je ne suis pas certaine que ce soit lié à des complexes… C’est plutôt que si on cherche des solutions, les vrais clivages politiques au sein du PS vont apparaître et s’exprimer brutalement.

    • 06/11/2010 à 23:34

      Oui, vrai aussi. Le PS a pour habitude de miser sur le plus petit dénominateur commun… 😦

  2. 07/11/2010 à 13:34

    « miser sur le plus petit dénominateur commun »
    Voilà c’est exactement ça! On est dans la recherche permanent d’un consensus qui est à la limite de la compromission!Et comme la compromission est hyper propice aux jeux d’influence, aux conflits larvés, le PS ( comme les centristes d’ailleurs)est paralysé et stérilisé intellectuellement. D’où la déperdition de valeurs, de perspectives élargissant l’approche à un vision de la société dans son ensemble!
    Ça m’énerve au plus au point parce qu’avant tout,dans le socialisme, pour moi, c’est cette perpétuelle projection vers la société « la meilleure pour tous » qui est moteur des actions…

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