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Affaire Woerth : la meute aboie, la fraude fiscale passe

30/06/2010 6 commentaires

De cette jungle politico-financière, les journalistes ne retiennent que l’arbuste Woerth.

C’est devenu un feuilleton. Chaque jour ou presque une nouvelle casserole vient s’ajouter à la collection déjà fournie d’Eric Woerth, ministre du Travail. Il est accusé d’avoir couvert la fraude fiscale de Lillane Bettencourt, femme la plus riche de France, moyennant un financement politique. L’opposition est au taquet. Les médias aussi. En pleine réforme des retraites, le ministre n’avait pas besoin de ça. Sarkozy non plus.

La fin du feuilleton est pourtant déjà écrite. D’ici quelques temps, on reparlera plus. Comme pour l’Opiniongate, un autre scandale à gros sous mettant directement en cause l’Elysée. Mais aujourd’hui, le Château dort sur ses deux oreilles malgré un dossier très fourni. Peu étonnant. Les mass-médias passent de polémique en polémique en ne retenant que l’écume des choses. Le journaliste moderne se lasse vite, il s’agite beaucoup mais s’investit peu.

« Le vrai problème, c’est l’affaire Bettencourt »

Au pire, Woerth démissionnera ou sautera au prochain remaniement. Le feuilleton sera alors clos, le 1er rôle ayant quitté le casting. Mais dans ce dossier, Woerth n’est qu’un pion. C’est tout un système de fraude qui est en cause. Le procureur Courroye, qui n’a pas ouvert d’enquête, ou Patrick Ouart, ex-conseiller Justice de Sarkozy, sont aussi impliqués. Comme le dit Jean-Luc Mélenchon :  « le vrai problème de l’affaire Woerth, c’est l’affaire Bettencourt ».

Pourtant, Woerth est la principale voire la seule cible des médias. Les journalistes ont choisi d’attaquer en meute, sans explorer d’autres voies.  Woerth risque de jouer le rôle du fusible. Au bénéfice de qui ? Tant que la meute est sur la piste Woerth, Bettencourt et ses autres « amis » politiques peuvent dormir tranquilles. On n’ira pas leur chercher des noises. La chasse à l’homme, c’est toujours plus facile que la chasse à l’info.

Communication : la politique de l’illusion

30/08/2009 Commentaires fermés

Nos dirigeants veulent agir. Ou, à défaut, donner l’illusion d’agir. Le public ne restera pas dupe très longtemps.

La ficelle était trop grosse.  Luc Chatel, ministre de l’Education, a raté son opération de communication. Le 18 août, visitant un Intermarché du Val de Marne en vue de la rentrée scolaire, il avait bénéficié d’une claque de luxe. Avec des mères de familles enchantées par la baisse des prix. Mais l’une d’entre elles était élue UMP. Tout était calculé pour faire de belles images. Même Le New York Times s’est moqué du ministre.

Sa crédibilité était en jeu. Crise aidant, lui et le Gouvernement ne pouvaient rester impuissants face aux lois du marché. Ils devaient montrer que la politique peut encore agir sur le réel. Du volontarisme sarkozien à l’état pur. Mais dans une économie libérale et mondialisée, on ne fixe pas les prix des gommes et des crayons par décret. Il faut alors sauver les apparences. Offrir des discours au lieu d’actes pour masquer son impuissance politique.

Sauver la face

Avouer l’impuissance du pouvoir politique, c’est briser sa légitimité. A quoi bon voter si droite et gauche sont limitées par la puissance des marchés ? Dans un monde aussi complexe, les pouvoirs se multiplient (multinationales, organisations internationales…). Le décideur politique n’est plus le pouvoir suprême, omnipotent et omniscient. Il ne décide plus tout seul alors il rassure, négocie, menace, convoque, promet.

La menace, c’est l’arme d’Eric Woerth, ministre du Budget, face à l' »évasion fiscale ». Avec sa fameuse liste des 3000 « évadés ». Contre les bonus des traders, Nicolas Sarkozy convoque et menace les banquiers. Il promet un « malus » pour les traders qui perdent de l’argent. Pour sauver la face et montrer ses muscles, le pouvoir politique en est réduit au spectacle permanent. Quitte à faire un bide.

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G20 : Nicolas Sarkozy s’agite en vain

01/04/2009 Commentaires fermés

Le chef de l’Etat menace et veut que des réformes utiles sortent du G20.  Beaucoup de bruit pour rien.

« J’ai la banane« . C’est ce qu’aurait dit le Président, mercredi dernier, devant les députés UMP. Propos démentis par l’intéressé ce jour sur Europe 1. Motivé, il veut que le G20 qui s’ouvre demain à Londres débouche sur des réformes, laissant entendre qu’il pourrait claquer la porte. « Je ne m’associerai pas à un sommet qui ne se conclurait par un communiqué de faux compromis« . Barack Obama, Président des USA,  lui a répondu qu’il fallait se « concentrer sur les points communs et non [sur] des divergences épisodiques« .

Offensif, Sarkozy s’est aussi lâché sur les « paradis fiscaux ». Il oublie de préciser que les plus grandes sociétés françaises ont toutes des intérêts dans ces paradis. Notamment des entreprises à capitaux publics comme EADS, GDF Suez ou France Telecom. Une enquête parue le 11 mars sur Alternatives-economiques.fr. Autre chose non évoquée, ses échecs économiques. Pour 2009, l’Insee prévoit une récession de 2,9%,  le Gouvernement s’accroche à son chiffre de – 1,5%.

Une vision messianique

Nicolas Sarkozy veut « réenchanter » la politique. Susciter de l’espoir. Sa campagne de 2007 était basée là-dessus. Un « Yes, we can » avant l’heure. « Est-ce que vous croyez que l’on attend du chef de l’Etat qui a été élu pour réformer la France face à une crise sans précédent qu’il soit déprimé, qu’il renonce ? » a-t-il demandé sur Europe 1. Quoi qu’il arrive, avec lui « tout devient possible« . Son volontarisme peut affronter tous les obstacles. Il ne nous demande pas seulement d’adhérer à son action mais d’y croire, religieusement parlant.

La fascination du chef de l’Etat pour le spirituel n’est pas anodine. Sa conception de l’action politique est emplie d’une vision messianique. L’idée que le Salut viendra d’un seul homme, lui en l’occurence. L’idée que la légitimité du pouvoir ne base moins sur l’amélioration concrète de la vie ici-bas que sur la promesse d’un monde meilleur, fusse-t-il hypothétique. Dommage que les Français soient comme Saint-Thomas et demandent à voir avant de croire.

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