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Quand le journalisme polémique au lieu d’informer

12/06/2010 2 commentaires

Les médias sont devenus des machines à scandales. Ils s’emballent pour tout oublier ensuite.

Après Hortefeux, Boutin. L’ex-ministre du Logement est sur le grill pour sa mission (très) bien payée. Mais parions que d’ici peu, on ne parlera plus de tout ça. Les polémiques gonflent et se dégonflent. La préoccupation majeure  du journaliste n’est plus de mettre à jour l’incurie du pouvoir mais de marquer ses confrères à la culotte en rebondissant sur le dernier scandale en cours. De préférence une histoire de cul ou d’argent, voire des deux.

Il y a une leçon à tirer de l’affaire Boutin. Les inégalités salariales, le népotisme, les dépenses publiques incontrôlées, sont des réalités quotidiennes. Mais les journalistes n’en retiennent que le superficiel, le scandaleux avant de passer à autre chose. Idem avec Liès Hebbadj. La crise du modèle républicain existait avant qu’il soit à la une des médias. Mais les journalistes n’en retiennent que les PV pour port de niqab et les pitreries d’Hortefeux.

La bulle journalistique

Deux univers s’opposent alors. Celui des journalistes, où tout n’est que polémiques et scandales éphémères. Où un problème n’est grave que si « on en parle partout » ou si « ça intéresse les gens ». Car le public est instrumentalisé et n’est vu que comme un audimat bête à manger de la soupe. Puis il y a le reste du monde. Là où les problèmes existent en permanence. Le journaliste peut s’y intéresser, sauf  si « c’est pas dans l’actu ».

Les médias se sont enfermés dans leur bulle. Ils ne racontent plus la marche du monde, ils se racontent eux-même, leur concurrence incessante, leur aliénation au flux permanent d’infos. Ils ne regardent plus l’actualité  en fonction des enjeux politiques ou culturels mais en fonction de leurs propres enjeux de concurrence. Le journalisme est devenue une activité narcissique où le public n’est qu’un alibi pour savoir kika la plus grosse.

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Nicolas Sarkozy, une stratégie bien adroite

19/09/2009 Commentaires fermés

Le chef de l’Etat manie les contraires. Il se donne une image d’homme ouvert à la gauche et mène une politique ancrée à droite.

Sarkozy est-il de gauche ? C’est la question que pose Le Point du 27 août. Question incongrue mais légitime. Marié à une égérie bobo aux « réflexes épidermiques de gauche », il aime lire Proust à ses heures perdues selon Le Figaro. Il est contre les tests ADN pour le regroupement familial. Il est pour le plafonnement des bonus des traders. Il nomme des hommes et femmes de gauche dans son Gouvernement. Il veut réformer la mesure de la richesse.

Le raccourci est facile. Le chef de l’Etat aime jouer avec cet image d’homme ouvert. Un ami des ouvriers qui cite Jaurès.  Un discours qui a marqué sa campagne de 2007. Face à une gauche en perdition, il lui a paru facile de piquer ses éléments de langage. La crise lui a offert une nouvelle opportunité. Il refuse de passer pour un impuissant face à la puissance des marchés. Il sera alors le champion de la régulation financière. La terreur des banquiers.

Un alibi

On frise l’hyprocrisie. Si Sarkozy reprend les paroles de la gauche, il garde sa petite musique de droite. A l’automne 2007, il était pour les tests ADN.  Il aime les ministres d’ouverture, mais le bien à droite Phillipe de Villiers, président du MPF, a rejoint le comité de la majorité. Son ministre de l’Immigration Eric Besson (ex-PS) vient de lancer la fermeture de la « jungle » de Calais, zone où se réunissait des immigrés clandestins. Aucune solution globale n’est prévue pour ces derniers.

Sa prétendue « ouverture » n’est qu’un alibi pour masquer une politique ancrée à droite. Chaque fois qu’on l’accusera de dérive lepéniste, il répondra que son ministre de l’Immigration était au PS. Si on dénonce la hausse du forfait hospitalier, il dira qu’il est très méchant avec les traders. Joli coup. Le problème, c’est l’adéquation entre ses discours et ses actes. Avant d’être de gauche ou de droite, la première qualité d’un chef de l’Etat, c’est d’être honnête.

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Communication : la politique de l’illusion

30/08/2009 Commentaires fermés

Nos dirigeants veulent agir. Ou, à défaut, donner l’illusion d’agir. Le public ne restera pas dupe très longtemps.

La ficelle était trop grosse.  Luc Chatel, ministre de l’Education, a raté son opération de communication. Le 18 août, visitant un Intermarché du Val de Marne en vue de la rentrée scolaire, il avait bénéficié d’une claque de luxe. Avec des mères de familles enchantées par la baisse des prix. Mais l’une d’entre elles était élue UMP. Tout était calculé pour faire de belles images. Même Le New York Times s’est moqué du ministre.

Sa crédibilité était en jeu. Crise aidant, lui et le Gouvernement ne pouvaient rester impuissants face aux lois du marché. Ils devaient montrer que la politique peut encore agir sur le réel. Du volontarisme sarkozien à l’état pur. Mais dans une économie libérale et mondialisée, on ne fixe pas les prix des gommes et des crayons par décret. Il faut alors sauver les apparences. Offrir des discours au lieu d’actes pour masquer son impuissance politique.

Sauver la face

Avouer l’impuissance du pouvoir politique, c’est briser sa légitimité. A quoi bon voter si droite et gauche sont limitées par la puissance des marchés ? Dans un monde aussi complexe, les pouvoirs se multiplient (multinationales, organisations internationales…). Le décideur politique n’est plus le pouvoir suprême, omnipotent et omniscient. Il ne décide plus tout seul alors il rassure, négocie, menace, convoque, promet.

La menace, c’est l’arme d’Eric Woerth, ministre du Budget, face à l' »évasion fiscale ». Avec sa fameuse liste des 3000 « évadés ». Contre les bonus des traders, Nicolas Sarkozy convoque et menace les banquiers. Il promet un « malus » pour les traders qui perdent de l’argent. Pour sauver la face et montrer ses muscles, le pouvoir politique en est réduit au spectacle permanent. Quitte à faire un bide.

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Couacs, bévues et intox politiques en série

07/08/2009 Commentaires fermés

Best of de l’été #4. Certains ratent trop d’occasions de se taire. UBDP revient sur le meilleur du pire des couacs politiques.

En 2007, Nicolas Sarkozy garantissait le droit à la retraite à 60 ans. En juin 2009, il ouvre pourtant la voie à la retraite à 67 ans. En janvier dernier, il voulait réformer le bac ES, sans vrais débouchés selon lui. Un peu plus de quatre mois plus tard, la réforme est enterrée par le rapport de Richard Descoings. Rapport approuvé par le chef de l’Etat.

Avril 2009. François Fillon, Premier ministre, accuse le Gouvernement Jospin d’avoir, en 2000, baissé la fiscalité sur les stock-options. Le PS réplique et affirme qu’il l’a, au contraire, augmenté. Intox totale des deux cotés. UBDP a montré que la réforme est bien plus complexe que cela. Une explication très technique.

Pinocchio style

En mai 2009, le Gouvernement fait face au blocage des universités.  Les autorités jouent les gros bras. Xavier Darcos, ministre de l’Education, prévient : « On ne donnera pas de diplômes à ceux qui auront fait en sorte que les universités ne fonctionnent pas« . Une menace basée juridiquement sur du vent. Comme l’a démontré UBDP.

Juillet 2009, Michèle Alliot-Marie, ministre de la Justice, affirme qu’elle n’est pas « partie prenante » dans l’affaire Clearstream 2. Elle se dit simple témoin. Mensonge. Son conjoint, le député UMP Patrick Ollier est partie civile dans le dossier.  En mai 2006, sur France 2, elle avait même déclaré que c’était elle qui était visée à travers lui. Un oubli sans doute.


> Durant tout l’été, UBDP vous propose un « best of » de ses articles. Chaque semaine (ou presque), un thème de l’actualité est passé en revue.

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Quand Nicolas Sarkozy était pour la retraite à 60 ans

23/06/2009 Commentaires fermés

Le chef de l’Etat a ouvert la voie à la retraite à 67 ans. Une rupture avec ses promesses de campagne.

Le débat agite les partenaires sociaux. Le 14 juin sur France Inter et I-Télé, Brice Hortefeux, ministre du Travail, avait lancé un le pavé dans la mare en évoquant le report de l’âge légal de la retraite de 60 à 67 ans. Une « piste » possible selon lui mais qui « n’engage en rien le Gouvernement« .

François Fillon, Premier ministre, n’a pas écarté l’idée. Le 15 juin, en marge d’une visite au Salon du Bourget, il avait déclaré que le report de l’âge légal « n’est pas une question taboue« . « Autour de nous, dans tous les pays européens, on a repoussé l’âge légal de la retraite. » Il avait toutefois rajouté : « C’est une question qui devrait faire l’objet d’un débat dans le cadre d’une élection présidentielle ou d’une élection législative. »

« Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer »

Trop tard pour Nicolas Sarkozy. Lors de son discours devant le Congrès hier, il a fixé le cap de « mi-2010 » pour  prendre une décision sur une nouvelle réforme des retraites. Il a appelé les partenaires sociaux à débattre de la question. En février prochain, un rapport du Conseil d’orientation des retraites est attendu. Le Président n’a pas exclu de toucher à la retraite à 60 ans.

« Quand viendra le temps de la décision à la mi-2010, que nul ne doute que le Gouvernement prendra ses responsabilités. Il faudra que tout soit mis sur la table: l’âge de la retraite, la durée de cotisation et la pénibilité. »

Il disait le contraire durant sa campagne. Dans son programme officiel, la garantie du maintien de l’âge légal de départ en retraite à 60 ans est écrit noir sur blanc. « Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer« . En 15 ans, aucune réforme du système de retraites n’a porté sur ce point.

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Déficits, Bac ES : les rétropédalages du Gouvernement

02/06/2009 Commentaires fermés

L’exécutif recule. En douce. Les mass-médias étant plus préoccupés par ce que vous savez.

C’était le 27 janvier, à Châteauroux. Nicolas Sarkozy avait critiqué le bac ES* pour son supposé manque de débouchés professionnels. Une attaque peu nouvelle qui avait irrité les enseignants de la filière.

« Il y a une filière économique pour vos enfants. C’est une blague. Parce que la filière économique ES, mettez vos enfants dedans et ils ne peuvent pas se permettre de se présenter dans les meilleures écoles économiques. »

Des propos tombés à l’eau. Ce mardi, Richard Descoings, directeur de l’Institut d’études politiques de Paris,  a rendu son rapport au chef de l’Etat sur la réforme du lycée suite à 4 mois de consultations. Un rapport approuvé par l’Elysée. Les premières mesures devraient s’appliquer à la rentrée 2010. Mais M.Descoings écarte toute réforme du bac ES. Il l’a dit dans une interview accordée au Monde.

« La filière ES, personne ne m’a dit qu’il fallait la changer. Elle va bien, il faut la préserver. »

Les avions s’écrasent, l’économie aussi. La Commission européenne prévoit un déficit public français à 6,6% du PIB. Mais François Fillon avait mis en garde, le 29 mai sur Europe 1, sur les risques d’un « excès d’endettement« 

« C’est pour moi une préoccupation constante. La crise a été causée par des excès d’endettement aux Etats-Unis, en particulier un  excès d’endettement des ménages, elle ne sera pas résolue par un excès d’endettement des Etats. »

Couacs en série

Même son de cloche pour Eric Woerth, ministre du Budget. La crise n’empêchera pas les mesures d’économie. Le ministre prévoit 34 000 suppressions de postes dans la fonction publique en 2009. C’était dans Le Parisien du 28 mai.

« La crise ne doit pas faire cesser les réformes structurelles. Quand l’Etat recrute un fonctionnaire, il le recrute pour quarante à cinquante ans, puisqu’il lui verse aussi sa retraite. Ce n’est pas le calendrier de la crise. Alors, oui, nous allons maintenir le rythme de diminution du nombre de postes ».

Chrisitine Lagarde tient un discours différent. La ministre de l’Economie, d’habitude plus rigoriste, s’est exprimée ce mardi dans le Financial Times Deutschland.

« La priorité n’est pas encore de réduire les déficits et la dette. Pour l’instant, nous devons nous concentrer totalement sur la préservation des emplois et la création d’emplois nouveaux. »

La Commission européenne avait lancé le 13 mai une procédure pour déficits excessifs contre Paris. Elle a fixé la date-butoir de 2012 pour arriver à un déficit à 3% du PIB. Lagarde a réclamé encore plus de souplesse dans l’application des règles européennes. C’est elle, et non M.Woerth, qui défend le budget français à Bruxelles.

« Ces déficits dûs à la crise, qui entraînent des niveaux d’endettement également dûs à la crise, devraient selon moi bénéficier d’un traitement spécial »

Sur tous ces sujets, le Gouvernement a remis en cause ses engagements. Et maintenant, le reste de l’actualité.

*Dont votre serviteur est titulaire.

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Claude Allègre ministre : la fausse ouverture de Nicolas Sarkozy

22/05/2009 Commentaires fermés

Claude Allègre à l’Industrie. Le dernier buzz sur l’“ouverture”. Une belle imposture surtout.

C’est Pierre Moscovici qui le dit. Le député PS du Doubs était ce vendredi sur France Info. Il confirme la rumeur qui agitait quelques temps le Landerneau politicomédiatique. Claude Allègre lui aurait confié sa future nomination comme Ministre de l’Industrie en remplacement de Luc Chatel. Joint par RTL, l’ex-ministre de l’Education de Lionel Jospin a botté en touche. Le 9 mai, dans le JDD, il affirmait sa volonté de rentrer au Gouvernement. Un remaniement ministériel devrait avoir lieu avant l’été.

Un buzz assuré. Claude Allègre, en rupture avec sa famille politique d’origine, était déjà pressenti ministre en mars 2008.  Les rumeurs font circuler d’autres bénéficiaires de l' »ouverture ». Comme l’éternel ministrable Jack Lang. Mais il a toujours démenti. Dernier en date : Christophe Girard, adjoint PS à la Culture de Bertrand Delanoë, maire de Paris. Il remplacerait Christine Albanel au ministère… de la Culture soutenu par Carla Bruni. Une rumeur lancée par le dernier JDD.

Ouverture à droite

Rien de nouveau sous le soleil. A chaque remaniement, chacun se demande qui sera la prochaine personnalité de gauche à bénéficier des largesses sarkoziennes. C’est la fameuse « ouverture ». On vante le coup de génie du chef de l’Etat.  On imagine les négociations en douce,  l’opposition déstabilisée. On guette les « petites phrases » des uns et des autres. C’est digne d’un bon feuilleton américain. Mais ce ne sont que des rumeurs. Les données d’un remaniement sont toujours complexes.

La rumeur Allègre se télescope avec une autre actualité. Houleuse, elle aussi. Xavier Darcos, ministre de l’Education, vient de proposer des « forces d’agents mobiles » pour lutter contre la violence scolaire. Autres options : la fouille des cartables et l’installation de portiques de sécurité dans les établissements.  Tout ça en réaction à l’agression au couteau d’une prof par un élève de 13 ans en Haute-Garonne le 15 mai. Allègre fait du buzz sur l’ouverture à gauche. Le Gouvernement fait une campagne sécuritaire de droite. Rien de grave.

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Des subprimes à la grippe « porcine », c’est toujours la crise

01/05/2009 Commentaires fermés

La grippe dite « porcine » frappe la planète. Un nouveau mal sévit, le même discours politique et médiatique revient.

Le monde a peur. La nouvelle incarnation de la terreur : la grippe « porcine » (ou « nord-américaine » ou « nouvelle grippe »). 331 cas humains avérés selon l‘Organisation mondiale de la santé. Les Gouvernements se mobilisent. Chacun redoute le pire. Les médias se font de plus en plus alarmistes. Une atmosphère de déjà-vu. Cette grippe  ne serait-elle qu’un remake de la crise économique ?

Premier point commun : la lutte contre la panique. Panique des citoyens, panique des marchés boursiers. Le mal  s’étend de jour en jour, la paranoïa avec. Un complot serait derrière tout ça. « Lobby juif » ou savants fous, chacun a sa petite théorie. Difficile d’avoir une information fiable avec tout ça. A chaque heure, ses données catastrophiques. Pour y voir clair, rien de tel qu’une bonne carte. Histoire de savoir où la crise, sanitaire ou économique, sévit.

Le retour de la panique

Pendant ce temps, réunion de crise à l’Elysée. Mais la France est sous contrôle. « Une chose est sûre, c’est que depuis le début de cette crise, la France, par rapport aux autres pays européens, résiste plutôt mieux« . C’est ce que disait François Fillon, premier ministre, en décembre dernier sur Europe 1. « Nous avons grâce à notre système de santé, grâce à la préparation qui a été faite ces dernières années, tous les moyens pour faire face à la menace« . Le même mais hier soir. Et face à une telle crise, l’union fait la force.

Deux phénomènes différents, un même discours ambiant. L’hyper-réactivité des médias, heure par heure, il faut dire ce qu’il se passe. Derrière l’avalanche de chiffres, l’attente du chaos, de la grande pandémie ou de la récession mondiale.  Comme s’il existait un seul prisme pour parler de toutes les situations de crise. Les maux sont différents mais se racontent avec les mêmes mots.

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Jospin, Juppé, Villepin : le retour des donneurs de leçons

22/04/2009 Commentaires fermés

Les trois ex-Premiers ministres font entendre leur son de cloche sur la crise économique. Oubliant leurs échecs passés.

Envies de revanche. Alain Juppé, Premier ministre de 95 à 97, a vu sa majorité battue par la Gauche plurielle. Condamné en 2004 à un an d’inéligibilité, il devient Ministre de l’Ecologie en mai 2007. Il démissionne un mois plus tard battu aux législatives à Bordeaux. Lionel Jospin, Premier ministre PS de 97 à 2002, a été devancé par Jean-Marie Le Pen au 1er tour de la présidentielle 2002. Dominique de Villepin, locataire de Matignon de 2005 à 2007, a été frappé par la crise du CPE et l’affaire Clearstream II.

Leurs défaites, ils ne s’en sont jamais remis. Jospin aura toujours en tête le choc du 21 avril. Juppé et Villepin n’oublieront jamais que Sarkozy leur a piqué la place de dauphin de la droite. Pour eux, leur carrière politique nationale n’est pas close, le sort leur a joué un mauvais tour. Jospin aime s’impliquer au PS. On prête des intentions électorales à Villepin. Juppé a démenti toute entrée au Gouvernement mais s’épanche dans les médias. Pour exister, ils ont pensé que leur expérience serait un atout.

Passé édulcoré

Quitte a édulcorer leur passé politique. En colloque mardi à l’Université du Québec à Montréal, Jospin a estimé qu’il répliquerait si « on traite de façon injuste » son bilan à Matignon. Pour lui, ‘ »ça a été plutôt une bonne période pour la France« . On  se demande pourquoi le PS n’est plus au pouvoir. Juppé a connu les manifestations monstres de l’hiver 95 contre sa réforme de la protection sociale. Villepin qui parlait dimanche sur Europe 1 de « risque révolutionnaire » a affronté la fronde massive anti-CPE en 2006.

Les « voix de la sagesse » sonnent parfois mieux que celles des adeptes d’un marketing politique plus tapageur. Mais la grande faille des dirigeants politiques, ce n’est pas la compétence ou l’expérience (encore que) mais l’honnêteté et l’humilité. Commettre des erreurs est une chose, les oublier en est une autre mais critiquer en plus celles des autres, là, c’est carrément prendre les gens pour des gogos.

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Remaniement : une information, désinformation

14/04/2009 Commentaires fermés

Les rumeurs enflent sur le prochain remaniement ministériel. Ou comment informer sans aucune information.

Le grand suspens de ce printemps. Rachida Dati et Michel Barnier, respectivement ministre de la Justice et de l’Agriculture, quitteront prochainement leurs postes pour rejoindre le Parlement européen.  Ils se présenteront en juin en Ile-de-France. Le Gouvernement sera remanié à cette occasion. Le Figaro de ce jour recense les dernières rumeurs sur les noms de leurs remplaçants. Idem dans celui de vendredi.

Autre bruit de couloir : Alain Juppé aux Finances. Evoqué par Sud-Ouest et Rue89.com ce dimanche.  Le Maire de Bordeaux avait dit samedi dans le Parisien : « Si […] mon expérience peut servir« . Ces rumeurs sont récurrentes. Le 12 janvier, Le Figaro avait prédit le nom du sénateur MPF Bruno Retailleau à l’Economie numérique. Le 15, c’est Nathalie Kosciusko-Morizet qui y a été mutée.  En mars 2008, Claude Allègre était pressenti comme Ministre de la recherche. Selon le Parisien de dimanche, il est toujours en lice.

Instrumentalisation

Un remaniement est une équation à multiples inconnues. Pour nommer quelqu’un, il faut en débarquer un autre et « consoler » les déçus. Il faut s’assurer que l’intéressé est compétent en la matière (encore que) et qu’il aura un tant soit peu de soutien du public concerné (chercheurs, agriculteurs…). Il y a des équilibres politiques, géographiques, de genre à respecter. Des gens qui ne peuvent travailler ensemble. D’où la difficulté de présenter ces rumeurs comme informations vérifiées.

Certains ont intérêt à propager des rumeurs sur tel ou tel nom. Pour lancer un « ballon d’essai »,  s’imposer dans les médias et les « milieux autorisés » (ce qui peut valoir d’être jugé comme arrogant). On dit jouer « l’ouverture » en faisant passer untel pour un traître et déstabiliser le camp d’en face. Mais un possible scoop, un « off » de la part d’un important conseiller, ça flatte toujours l’égo. Comme le disait le journaliste Hubert Beuve-Méry, le contact, c’est bien mais il faut parfois un peu de distance.

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