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Ni droite, ni gauche, mais où alors ?

16/01/2011 2 commentaires

Sur les 35 heures ou la sécurité, le clivage droite-gauche s’estompe. Mais par quoi le remplacer ?

C’est peut-être la leçon de la dernière polémique sur les 35 heures. Lancée par le socialiste Manuel Valls, ce dernier a été contesté au sein même de son parti. Idem à l’UMP, Jean-François Copé, secrétaire général, souhaitait « remettre sur la table » cette mesure, son rival Xavier Bertrand, ministre du Travail, l’a envoyé balader. Bien sûr, derrière ces débats, il y a des questions de personnes. Cette affaire montre toutefois que les clivages partisans ne sont pas évidents. Les prises de positions ne sont, heureusement, pas toujours binaires.

Les 35 heures sont évidemment une conquête sociale. Mais elle s’est accompagnée, dans sa version Jospin-Aubry, d’un gel des salaires et d’une plus grande flexibilité. Il y a là une piste pour une critique de gauche de cette mesure. D’autres à droite pensent que revenir en arrière serait trop compliqué pour les salariés et les patrons. Après, tout est affaire de calculs. Que ce soit pour vous placer comme dissident (comme Valls) ou clasher un concurrent (comme Bertrand contre Copé), vous pouvez briser les clivages traditionnels.

L’économie n’est plus la base de tout

La séquence sécuritaire a également montré qu’une partie de la droite ne suit plus la surenchère sarkozyenne. A l’inverse, une partie de la gauche refuse de s’enfermer dans l’angélisme. On peut lancer des procès en haute trahison mais cela ne fait pas avancer le débat. Les divisions partisanes sont nécessaires pour fixer des repères et éviter le consensus mou mais ils sont un moyen et non une fin en soi. Le monde a évolué, le marché ou la lutte des classes ne clivent plus autant. L’économie n’est plus la base de tout. Que faire alors ?

Il y a d’autres sujets qui dépassent les clivages : l’Europe, le mariage homo…  Ils peuvent former de nouvelles alliances mais il manquera au final un fil rouge, une matrice de base. C’est cette base idéologique, donnant de la cohérence à un tas de propositions, qu’il manque à Bayrou ou Villepin. On sait comment ils voient la fiscalité mais pas comment ils voient la France et même le monde. C’est lorsqu’ils auront pris de la hauteur et construit une vision globale de la société, qu’on pourra redécouper le paysage politique. On en est loin.

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Le PS à la rue quand il parle des villes

06/11/2010 3 commentaires

Les socialos se penchent sur la politique de la ville. Une masturbation intellectuelle plutôt stérile.

C’est le bouillon des idées au PS. Dommage que leur soupe soit si fade. Samedi, les socialos ont tenu à Lille, chez Martine Aubry, un forum sur la politique de la ville. Il a été maintenu malgré la journée de mobilisation sur les retraites. Le forum sur la sécurité n’a pas eu le même privilège. Prévu lors des manifs du 2 octobre, il a été déplacé au 17 novembre. Dans le même temps, le PS a aussi lancé sa convention sur « l’égalité réelle ». Autant de dispositifs pour montrer que le PS a des idées pour 2012. En quantité mais pas en qualité.

Le parti a choisi de séparer ses réflexions sur les inégalités, la sécurité et la ville, comme si ces problèmes n’étaient pas liés. On accumule les propositions technocratiques sans donner du sens, une cohérence politique aux choses. A trop courir derrière la crédibilité, le PS en oublie de livrer un discours lisible. La faute à des complexes profonds. Le parti refuse de passer pour irresponsable ou comme sclérosé par les conflits de personnes. Alors, il pense. Ou plutôt, il veut montrer aux médias et à l’UMP qu’il pense. Les élites parlent aux élites.

Et le monde rural ?

D’ailleurs, pourquoi le PS parle-t-il de la ville et non de la campagne ? Parce que les « quartiers sensibles », ça peut attirer deux ou trois caméras. Les Français sont majoritairement urbains. Sarkozy a été hué à Argenteuil. Les émeutes dans les banlieues ont 5 ans. C’est tout bon pour l’image du socialisme Soléfrinien. Mais le chômage, la précarité ou le manque de services publics touchent autant si ce n’est plus les ruraux que le 93. Le PS parle bien des aspects économiques de l’agriculture mais pas de la situation globale de tous les ruraux.

Cela montre que pour le PS, « l’égalité réelle » n’est qu’un concept marketing. Au même titre que « la croissance verte ». Après le greenwashing, le parti se lance dans le redwashing. Une voie où parler de social n’est plus une pensée politique mais un alibi médiatique. Derrière une bonne volonté pour lutter contre les injustices se cachent de graves lacunes et incohérences. Un peu comme le bobo qui mange bio mais qui part en avion à Marrakech. Aujourd’hui, le PS ne cherche plus à être de gauche mais à faire de gauche.

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Retraites : les journalistes ne voient que la forme et touchent le fond

24/10/2010 1 commentaire

Blocages, comptage des manifestants… Voilà le niveau du débat sur la réforme des … Euh, des quoi au fait ?

Rassurons-nous. Il existe encore de vrais journalistes en France. Des purs et durs qui osent des enquêtes impitoyables sur le terrain. France-Soir, l’AFP, Médiapart… se sont penchés sur LE scandale qui fera péter la Vème République : le nombre de manifestants dans les rues. Leurs reporters, bravant le froid, la pluie et les vapeurs de merguez ont pris des risques et du temps pour savoir kikalaplusgrosse entre le gouvernement et ses contestataires. Mais au fait, ils manifestaient contre quoi ces gens ? Ah oui, la réforme des retraites.

A trop parler de la forme et des conséquences du mouvement, on oublie de parler des causes du mouvement. La vision des mass-médias de la réforme des retraites reste prisonnière d’une logique de l’évènement, d’une actu à chaud voire spectaculaire. Réunions syndicales, manifs, joutes politiques, incidents, blocages… voilà ce qui rythme le traitement médiatique de la contestation. Mais tout cela ne durera qu’un temps. Les agences de notation, la répartition des profits, les déficits… seront toujours là une fois la dernière banderole repliée.

Brassage de vent

Le PS accuse la droite de censurer le débat parlementaire. Pour le débat médiatique, la presse s’en occupe. Il fut un temps où elle arrivait parfois à élever le niveau. Mais une fois que les syndicats ont joué les gros bras avec menace de grève générale, on a oublié le fond. Seuls comptaient le nombre de personnes dans la rue, le taux de grévistes… C’est la fameuse règle du « C’est dans l’actu ». Et on cherche des comparaisons : le CPE, le plan Juppé… Qu’importe le projet en débat, seul compte l’aspect spectaculaire de sa contestation.

Qu’on soit pour ou contre la réforme, on ne peut se satisfaire d’une couverture aussi superficielle. On peut soutenir la réforme parce qu’on pense qu’elle va sauver le système, on peut être contre parce qu’on pense qu’elle est injuste. Voilà où est le vrai débat. Les journalistes étaient censés donner les éléments pour que tout se passe dans un contexte serein. Au lieu de ça, ils brassent du vent et attisent des querelles d’épiciers. Le débat s’en retrouve formaté. Comme quoi la mort de la presse en France, c’est un suicide collectif.

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Retraites : Sarkozy se fout de la gueule du peuple, le PS aussi

18/10/2010 2 commentaires

A chaque manif, le PS redécouvre la contestation sociale. A défaut de retrouver son courage politique.

Qu’on se le dise, le PS est en masse dans les manifs contre la réforme des retraites. D’ailleurs, Royal et Aubry seront toutes les deux à la manif parisienne du 19 octobre pour le plus grand bonheur des journalistes militants. Déjà en 2009, Aubry regrettait : « Le parti avait un peu perdu son âme lorsqu’il n’était pas auprès des Français qui souffrent ». C’est beau comme du BHL. Et pour mieux être « auprès des Français qui souffrent », le PS avait fixé son point de rendez-vous pour la manif parisienne du 12 octobre… devant le Café de Flore.

Tout un symbole. A chaque manif, le PS redécouvre le peuple. Une manif pour un hiérarque socialo, c’est un peu comme un safari pour un bourgeois de droite. Une aventure pittoresque où on peut se faire photographier auprès d’espèces qu’on ne côtoie pas tous les jours. « T’as vu Al’, je me suis faite photographier avec un ouvrier, un OUVRIER quoi ! », aurait raconté Aubry à son copain Alain Minc. Je plaisante. Mais tisser un lien avec le peuple, ce n’est pas seulement faire le guignol devant les caméras, c’est un long travail politique.

Le socialisme du spectacle

La colère sociale n’existe pas que dans les cortèges de la CGT. Elle est tous les jours dans les bistrots, les agences Pôle emploi,  les open spaces… Le PS n’envisage la souffrance que dans son expression la plus télégénique et non comme un état permanent. Il existe aussi une France qui souffre mais qui se tait, trop découragée. Une fois les banderoles rangées, il y a toujours des pauvres, des chômeurs, des quartiers ghettoïsés. Le socialisme du PS, c’est le socialisme du spectacle. Un parti qui préfère le paraître à l’être. Le discours aux actes.

Si le PS veut être « auprès des Français qui souffrent », qu’il règle ses dilemmes sur la durée de cotisation, sur l’insécurité qui mine les quartiers populaires, qu’il se penche sur l’isolement du monde rural.  Et qu’il se trouve un autre messie que DSK. Être « auprès des Français qui souffrent » ne doit pas se limiter à la compassion, il faut encore trouver une issue politique à toutes ces souffrances. C’est loin d’être le cas. Mais que le PS se foute du peuple n’est pas un scoop. On croyait juste qu’il attendait d’être au pouvoir pour le montrer.

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Retraites : Eric, fais-moi peur !

12/09/2010 Commentaires fermés

PS et UMP dramatisent le débat sur les retraites. Au risque de formater la parole politique.

« Il y a urgence », c’est la rhétorique choisie par l’UMP et le gouvernement pour vendre leur réforme des retraites. Dans cette logique, mettre fin à la retraite à 60 ans ne relève pas de l’idéologie mais de la responsabilité. Comme nous vivons plus vieux, il n’y aurait pas d’autres alternatives possibles que d’allonger le temps passé au travail. S’opposer à ses solutions, ce serait alors faire preuve d’« immobilisme » ou de « déni de réalité ». Le débat politique n’est plus une affaires d’idées et de passion mais de chiffres et de raison.

Au PS, on a aussi adopté la logique de la peur et du « Il faut ». « Il faut prendre en compte l’allongement de la durée de vie… », disait récemment Martine Aubry. Certes, le PS s’oppose à la retraite à 62 ans. Mais il ouvre la porte à un allongement de la durée de cotisation. Comme d’habitude, le PS tente de faire passer sa lâcheté pour une crédibilité gestionnaire. Ce n’est pas plus glorieux que l’UMP qui fait passer son cynisme pour de la responsabilité. Mais se plier aux vœux des marchés, ce n’est pas de la raison, c’est de la sottise.

Coca et Coca light

Et tant pis si des économistes comme Thomas Piketty défendent une autre vision du problème. Avec son compère Antoine Bozio, Piketty (qui n’est pas spécialement bolchevik) défend une alternative à l’allongement de la durée du travail. Pour résumer, on unifie les différents régimes et on  met les cotisations de chacun sur un compte personnel.  Un système plus souple et plus clair. L’Etat revalorise ensuite ces comptes en fonction de la hausse des salaires. Il y aura aussi une compensation pour les petits salaires cotisant peu.

Une solution plus séduisante que compliquée. Par rapport au « Il faut » du PS et de l’UMP, elle a le mérite de sortir de la logique de la peur. Cette logique est d’ailleurs inquiétante. Elle sert à légitimer n’importe quoi et tue la diversité idéologique. Pour jouer dans la cour des grands, le politique doit calibrer son discours. Sinon, c’est la perte de sa « crédibilité » et un « irresponsable » ne peut devenir un homme (ou une femme) de pouvoir. Résultat, la parole politique devient totalement formatée. Et on n’a plus le choix qu’entre Coca et Coca light.

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La chute de la valeur travail

20/02/2010 4 commentaires

Nicolas Sarkozy aime la “valeur travail”. Contrairement à pas mal de Français qui se tuent à la tâche.

A 55 ans, Sarkozy est déjà un vieux con. Depuis sa campagne présidentielle, il glorifie la “valeur travail et plus encore, les ouvriers. Mais il vit avec 50 ans de retard, dans une ère dépassée ou être un ouvrier était une vocation, un héritage culturel et social. Sarkozy semble avoir oublié que le mouvement ouvrier et syndical n’est plus ce qu’il était, que les salariés ne se battent plus pour sauver leur emploi mais pour avoir un gros chèque en cas de plan social.

Le travail est devenu une souffrance. Elle se fait ressentir jusque dans des organismes de droit public comme Pôle Emploi. Car ce qui est en cause, c’est moins une question de structure que de philosophie de l’économie, dominée par la doctrine du « toujours plus ». Les usagers ou les clients, les salariés ne sont alors plus que des rouages dans une grande machine inhumaine. On ne travaille plus pour vivre, on ne vit pas non plus pour travailler mais on se tue à travailler.

Réinventer le travail

Pour donner un os à ronger aux syndicats, le ministère du Travail a lancé une étude sur le sujet. Dommage, la liste rouge des pires entreprises a disparu de son site. Mais ce n’est pas qu’une fleur au patronat. C’est une façon de mettre en cohérence la parole officielle. Car le discours politique, c’est dire le monde tel qu’on le veut et non tel qu’il est. Gouverner, c’est tenter d’associer ce principe de conviction avec un principe de réalité. Et Sarkozy a échoué.

La réflexion à ce sujet a failli. PS et UMP se fouvoient autour de la question du chômage que ce soit sur les retraites (chômage des seniors) ou sur les RTT (effet sur l’emploi). Le problème est moins de faire entrer la société dans une logique de travail que de faire rentrer le travail dans les logiques de la société. D’en faire un outil d’intégration et non désintégration sociale, une vocation et non un fardeau. Une cogitation de plus de 35h sera alors nécessaire.

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La crise, c’est bon. Mangez en !

23/07/2009 Commentaires fermés

Best of de l’été #3. La crise secoue le monde. Les entreprises ferment. La population panique. Retour en arrière.

Impossible d’y échapper. Pas un journal, JT, site web n’a fait l’impasse sur la crise. Une crise financière, économique et sociale. La première réaction fut la panique. Comme pour une épidémie. D’ailleurs, le traitement médiatique de l’épidémie de grippe A présente d’étranges similitudes avec celui de la crise. Le job des politiciens est alors de rassurer. Quitte à ressortir de vieilles rengaines.

Nicolas Sarkozy veut calmer le jeu. Ce qui le pousse parfois à mentir. Notamment sur les conséquences budgétaires de la crise. « Il va falloir payer une facture » disait son conseiller spécial Henri Guaino. Dans la torpeur, il est alors facile de chercher des sages, légitimés par l’expérience . Comme Villepin ou Juppé. Ils deviennent subitement les voix de la raison. Leurs échecs passés passent à la trappe.

Crise de confiance

Faire oublier la crise. La tentation est grande mais l’objectif est difficile. On peut tenter d’intoxiquer les journalistes. Eux-mêmes se chargent de diffuser des sondages bidons. Mais personne n’est dupe. Du moins, on l’espère. Il faut aussi des boucs émissaires. Les bénéficiaires de stocks-options  ou de parachutes dorés par exemple. D’autres prendront leur place quand ils deviendront moins télégéniques.

L’autre crise, ce fut le mouvement social en Outre-mer. Notamment en Guadeloupe. L’exécutif a dû naviguer entre la fermeté et le dialogue avec les grévistes. Le but : éviter d’aggraver le fossé avec l’Outre-mer. Au risque de se renier sur la question des augmentations de salaires comme l’a fait François Fillon. A la crise économique, a succédé la crise de confiance.


> Tout l’été, UBDP vous propose un best of de ses articles. Chaque semaine, un thème de l’actualité est passé en revue. D’autres surprises seront aussi au rendez-vous.

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Chômage des intérimaires et CDD : info et intox

09/07/2009 Commentaires fermés

Medef et CFDT se sont lancés dans une bataille de chiffres sur le chômage des précaires. Décryptage.

C’est François Chérèque qui a ouvert les hostilités. Le secrétaire général de la CFDT dénonçait le 5 juillet sur RTL « le plus grand plan social en France« . Le motif de son courroux ? Les 350 000 intérimaires et CDD qui ont perdus leur emploi depuis le début de la crise. Ils n’ont pas encore le droit aux dispositifs d’accompagnement de type Contrat de Transition Professionnelle ou Convention de reclassement personnalisée. Un projet d’accord social vient de demander à l’Etat de permettre leur accès à ces mesures.

Laurence Parisot, présidente du Medef, a répliqué. C’était mardi lors de sa conférence de presse mensuelle. « Le plus grand plan social, c’est celui de l’hécatombe des PME« . Pour elle, le chiffre de Chérèque « ne se rapporte qu’aux sorties de CDD et d’intérim et ne tient pas compte des entrées« . Elle précise : « Le solde est moins important et on vous communiquera le chiffre si vous le souhaitez« .

C’est ce qu’a fait Marc Landré du Figaro. Sans succès. Sur son blogue, il explique « soit Laurence Parisot a répondu en connaissance de cause et le chiffre ne doit pas être trop difficile à donner ; soit sa réponse était une rhétorique pour botter en touche et je vais pouvoir encore attendre« . Il a aussi vérifié les 350 000 de Chérèque. Même insuccès. Le journaliste rajoute qu’en un an un emploi intérimaire sur trois a été supprimé dans le secteur concurrentiel. Quatre sur cinq dans l’automobile.

A lire aussi

« François Chérèque, invité du Grand Jury RTL » (RTL.fr, 05/07)

« Syndicats et patronat demandent à l’Etat d’étendre l’accès au chômage partiel » (Le Monde, 09/07)

« Les PME françaises frappées par une vague de défaillances » (LeMonde.fr, 07/07)

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Quand Nicolas Sarkozy était pour la retraite à 60 ans

23/06/2009 Commentaires fermés

Le chef de l’Etat a ouvert la voie à la retraite à 67 ans. Une rupture avec ses promesses de campagne.

Le débat agite les partenaires sociaux. Le 14 juin sur France Inter et I-Télé, Brice Hortefeux, ministre du Travail, avait lancé un le pavé dans la mare en évoquant le report de l’âge légal de la retraite de 60 à 67 ans. Une « piste » possible selon lui mais qui « n’engage en rien le Gouvernement« .

François Fillon, Premier ministre, n’a pas écarté l’idée. Le 15 juin, en marge d’une visite au Salon du Bourget, il avait déclaré que le report de l’âge légal « n’est pas une question taboue« . « Autour de nous, dans tous les pays européens, on a repoussé l’âge légal de la retraite. » Il avait toutefois rajouté : « C’est une question qui devrait faire l’objet d’un débat dans le cadre d’une élection présidentielle ou d’une élection législative. »

« Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer »

Trop tard pour Nicolas Sarkozy. Lors de son discours devant le Congrès hier, il a fixé le cap de « mi-2010 » pour  prendre une décision sur une nouvelle réforme des retraites. Il a appelé les partenaires sociaux à débattre de la question. En février prochain, un rapport du Conseil d’orientation des retraites est attendu. Le Président n’a pas exclu de toucher à la retraite à 60 ans.

« Quand viendra le temps de la décision à la mi-2010, que nul ne doute que le Gouvernement prendra ses responsabilités. Il faudra que tout soit mis sur la table: l’âge de la retraite, la durée de cotisation et la pénibilité. »

Il disait le contraire durant sa campagne. Dans son programme officiel, la garantie du maintien de l’âge légal de départ en retraite à 60 ans est écrit noir sur blanc. « Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer« . En 15 ans, aucune réforme du système de retraites n’a porté sur ce point.

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Social : Martine Aubry tourne la page des années Jospin

19/06/2009 Commentaires fermés

Michelin supprime des postes, le PS réclame l’intervention de l’Etat . Il y a 10 ans, le discours était tout autre.

Colère à gauche. La première secrétaire du PS Martine Aubry s’est rendue mercredi à l’usine Michelin de Noyelles-lès-Seclin (Nord) menacée de fermeture. L’industriel vient d’annoncer 1093 suppressions de postes sans licenciement sec selon lui.  En 2008, son bénéfice net a chuté de 53,8% pour tomber à 357 millions d’euros. Martine Aubry a dénoncé des « licenciements déguisés« . Dans un communiqué, le PS demande l’intervention de l’Etat.

« Le Parti socialiste demande à l’Etat de faire preuve de la plus grande vigilance dans l’application des mesures de reclassement annoncées. […] Par ailleurs, il faut s’occuper du tissu de PME qui est gravement menacé et qui risque d’être durablement déstructuré sans intervention rapide et massive de l’Etat.« 

Un grand revirement. Il y a dix ans déjà, Michelin licenciait malgré ses bénéfices. 7500 postes dont 1880 en France. La gauche était au pouvoir, Lionel Jospin était à Matignon, Martine Aubry au ministère de l’Emploi. Les syndicats appellent le Gouvernement  a l’aide. Malgré la polémique, Jospin affirme qu’on ne peut pas « tout attendre de l’Etat« . C’était le 13 septembre 1999 sur France 2.

« Il ne faut pas attendre tout de l’Etat ou du Gouvernement, il faut aussi que se mobilisent à la fois l’opinion et les salariés de l’entreprise.« 

Le cul entre deux chaises

Un phrase qui restera dans les annales. Par la suite, Danone et autres annoncèrent de nouveaux licenciements massifs. En 2001, sera votée la loi de « modernisation sociale ».  Sous la pression du PCF, la définition de licenciement pour motif économique y sera durcie. Dispositions censurées par le Conseil Constitutionnel. Sur France 2, Jospin avait  écarté toute tentation d' »administrer » l’économie.

« Quant à l’Etat, il doit dire que l’on peut faire autrement mais ce n’est pas par la loi, ce n’est pas par des textes, ce n’est pas par l’administration que l’on va réguler l’économie aujourd’hui, même si l’économie a besoin d’être régulée. »

En 2009, le PS se réaffirme comme interventionniste. A l’heure où même Nicolas Sarkozy se pare du costume régulateur, le parti veut renouer avec ses fondamentaux. Tout un dilemme. Au pouvoir, le PS joue le pragmatisme et doit concilier des intérêts contraires. Dans l’opposition, il est tenté par la radicalité. Dur équilibre entre idéal politique et culture de gouvernement. Le chef de l’Etat a le même problème. Un exercice qui conduit au reniement permanent.

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