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Personne ne tient les journalistes par les couilles. Ils n’en ont pas

02/08/2010

Les médias aiment crier à la censure. Mais le pire, c’est l’auto-censure.

Wikileaks a snobé les médias français. Ses récentes révélations sur la guerre en Afghanistan ont été réservées aux Ricains du New York Times, aux Rosbeefs du Guardian et aux Schleus du Spiegel mais que dalle pour mes confrères. L’ego de la profession en prend un coup. Elle se croyait toute auréolée d’indépendance avec ses scoops de l’affaire Woerth, la voilà ridiculisée à la face du monde. Le métier aurait dû s’interroger sur le sujet, le snobisme de Wikileaks posant une vraie question de fond.

On pourrait croire que la mauvaise réputation journalistique de la France vient de l’influence de ses cercles de pouvoir. La réforme de l’audiovisuel public ou les attaques de l’UMP contre Médiapart ont fait craindre une reprise en main politique des médias. Une crainte partagée au delà de la corporation. La solidarité envers Médiapart ou Porte et Guillon l’a montré. Les journalistes refusent les pressions éditoriales venues de l’extérieur. Pour préserver leur liberté, ils veulent se protéger des autres.

Le journaliste, pire ennemi du journalisme

Erreur, qu’ils cherchent d’abord à se protéger d’eux-mêmes. Qu’ils cessent de se défausser sur l’Elysée ou leurs actionnaires pour justifier leur propres failles. La dernière interview cire-pompes du chef de l’Etat par Pujadas ne peut s’expliquer par la seule mainmise de l’Elysée sur l’audiovisuel public. C’est aussi une question de compétence. L’effet d’une pseudo-culture journalistique où l’on parle de presque tout alors qu’on ne sait vraiment rien. Une loi pour les journalistes peut protéger les sources pas les neurones.

Tout est affaire d’éthique professionnelle. Le pire ennemi du journalisme, c’est le journaliste lui-même. A voir ce que font certains de leur liberté d’expression, il y a de quoi avoir envie de rétablir la censure. La polémique stérile, l’uniformisation éditoriale, le mépris du public sont des menaces pires que les pressions sarkoziennes. La relation entre pouvoir et médias n’est pas sadique, elle est masochiste. Quand les journalistes ne sont pas fouettés, ils se mettent eux-même une muselière. Et ils aiment ça apparemment.

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  1. [ Enikao ]
    02/08/2010 à 20:27

    Italiens, Espagnols, Roumains, Suédois, Danois… eux non plus n’ont pas bénéficié des révélations de WikiLeaks. Pourtant, parier sur un grand quotidien espagnol aurait eu un impact important (langue répandue). Est-ce à dire que les journaux et journalistes ibères n’ont, eux aussi, aucune compétence et aucun courage ?

    Ou bien faut-il voir dans ce triple partenariat que les meilleures connexions WikiLeaks / certaines rédactions ?

    • 02/08/2010 à 20:51

      Sans doute mais pourquoi Wikileaks a de « meilleures connections » avec le NYT et autres qu’avec Le Monde ou Libé ? Alors que la France est largement impliquée dans le conflit afghan et est impliquée dans les soupçons de bavures évoqués ?

  2. 02/08/2010 à 20:34

    Intéressant ce que tu dis. Mais pour revenir précisément à l’affaire Wikileaks, je crois simplement qu’aucun national français n’arrive à la cheville de la renommée internationale du New York Times.

    • 02/08/2010 à 20:52

      Malheureusement, on se demande pourquoi d’ailleurs….

  3. [ Enikao ]
    03/08/2010 à 12:25

    Les relations interpersonnelles, ça compte, parfois davantage que le reste puisque c’est de la bonne volonté et des intérêts bien entendus de chacun que tient la négociation.
    Assange connaît peut-être mieux tel ou tel journaliste. Même si c’est présenté ainsi, WikiLeaks ne traite pas avec le NYT, en bout de course ça reste toujours un rapport entre personnes bien physiques.

    • 03/08/2010 à 12:48

      Personnellement, je pense pas, le panel est trop large et trop bien choisi (trois journaux connus de « grands » pays impliqués en Afg et étrangers à l’australien Assange) pour que ce soit uniquement lié à des relations interperso sans rapports avec les considérations pro ou éthiques.

  4. Renahy Emmanuel
    10/08/2010 à 09:46

    Vous parlez du snobisme de wikileak, vous passez au cribles les tares multiples des politiques, des cons, des journalistes, pourquoi pas ! Mais parler des « Ricains », des « Rosbeefs », des « Schleus » : où vous situez-vous dans sur l’échelle de votre « Riche-terre » mentale ?

    • 10/08/2010 à 21:57

      Très haut… si vous saviez…. 😀

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