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Retraites : les journalistes ne voient que la forme et touchent le fond

24/10/2010 1 commentaire

Blocages, comptage des manifestants… Voilà le niveau du débat sur la réforme des … Euh, des quoi au fait ?

Rassurons-nous. Il existe encore de vrais journalistes en France. Des purs et durs qui osent des enquêtes impitoyables sur le terrain. France-Soir, l’AFP, Médiapart… se sont penchés sur LE scandale qui fera péter la Vème République : le nombre de manifestants dans les rues. Leurs reporters, bravant le froid, la pluie et les vapeurs de merguez ont pris des risques et du temps pour savoir kikalaplusgrosse entre le gouvernement et ses contestataires. Mais au fait, ils manifestaient contre quoi ces gens ? Ah oui, la réforme des retraites.

A trop parler de la forme et des conséquences du mouvement, on oublie de parler des causes du mouvement. La vision des mass-médias de la réforme des retraites reste prisonnière d’une logique de l’évènement, d’une actu à chaud voire spectaculaire. Réunions syndicales, manifs, joutes politiques, incidents, blocages… voilà ce qui rythme le traitement médiatique de la contestation. Mais tout cela ne durera qu’un temps. Les agences de notation, la répartition des profits, les déficits… seront toujours là une fois la dernière banderole repliée.

Brassage de vent

Le PS accuse la droite de censurer le débat parlementaire. Pour le débat médiatique, la presse s’en occupe. Il fut un temps où elle arrivait parfois à élever le niveau. Mais une fois que les syndicats ont joué les gros bras avec menace de grève générale, on a oublié le fond. Seuls comptaient le nombre de personnes dans la rue, le taux de grévistes… C’est la fameuse règle du « C’est dans l’actu ». Et on cherche des comparaisons : le CPE, le plan Juppé… Qu’importe le projet en débat, seul compte l’aspect spectaculaire de sa contestation.

Qu’on soit pour ou contre la réforme, on ne peut se satisfaire d’une couverture aussi superficielle. On peut soutenir la réforme parce qu’on pense qu’elle va sauver le système, on peut être contre parce qu’on pense qu’elle est injuste. Voilà où est le vrai débat. Les journalistes étaient censés donner les éléments pour que tout se passe dans un contexte serein. Au lieu de ça, ils brassent du vent et attisent des querelles d’épiciers. Le débat s’en retrouve formaté. Comme quoi la mort de la presse en France, c’est un suicide collectif.

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Chômage des intérimaires et CDD : info et intox

09/07/2009 Commentaires fermés

Medef et CFDT se sont lancés dans une bataille de chiffres sur le chômage des précaires. Décryptage.

C’est François Chérèque qui a ouvert les hostilités. Le secrétaire général de la CFDT dénonçait le 5 juillet sur RTL « le plus grand plan social en France« . Le motif de son courroux ? Les 350 000 intérimaires et CDD qui ont perdus leur emploi depuis le début de la crise. Ils n’ont pas encore le droit aux dispositifs d’accompagnement de type Contrat de Transition Professionnelle ou Convention de reclassement personnalisée. Un projet d’accord social vient de demander à l’Etat de permettre leur accès à ces mesures.

Laurence Parisot, présidente du Medef, a répliqué. C’était mardi lors de sa conférence de presse mensuelle. « Le plus grand plan social, c’est celui de l’hécatombe des PME« . Pour elle, le chiffre de Chérèque « ne se rapporte qu’aux sorties de CDD et d’intérim et ne tient pas compte des entrées« . Elle précise : « Le solde est moins important et on vous communiquera le chiffre si vous le souhaitez« .

C’est ce qu’a fait Marc Landré du Figaro. Sans succès. Sur son blogue, il explique « soit Laurence Parisot a répondu en connaissance de cause et le chiffre ne doit pas être trop difficile à donner ; soit sa réponse était une rhétorique pour botter en touche et je vais pouvoir encore attendre« . Il a aussi vérifié les 350 000 de Chérèque. Même insuccès. Le journaliste rajoute qu’en un an un emploi intérimaire sur trois a été supprimé dans le secteur concurrentiel. Quatre sur cinq dans l’automobile.

A lire aussi

« François Chérèque, invité du Grand Jury RTL » (RTL.fr, 05/07)

« Syndicats et patronat demandent à l’Etat d’étendre l’accès au chômage partiel » (Le Monde, 09/07)

« Les PME françaises frappées par une vague de défaillances » (LeMonde.fr, 07/07)

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Olivier Besancenot, l’homme à abattre pour la gauche

19/03/2009 Commentaires fermés

Le leader du NPA fait peur au PS. La solution pour certains : l’enfermer dans sa radicalité.

« Ça fait un peu rapace« . C’est François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, qui parlait, dimanche sur RTL, des actions du NPA dans les conflits sociaux. Le syndicaliste l’accuse « d’attendre la misère pour agir« . Ce jeudi, encore sur RTL, Ségolène Royal a lancé la deuxième salve. « Il est absent sur toutes les formes de propositions opérationnelles de politique alternative, ça peut poser un problème, mais c’est de sa responsabilité« .

Archaïques contre gestionnaires. Une opposition vieille comme la gauche. Besancenot fait trembler le PS. Les sondages se font de plus en plus enthousiastes pour le facteur. Il est désormais décrit comme l’opposant le plus crédible à Nicolas Sarkozy. La journée nationale d’action d’aujourd’hui fut l’occasion de se montrer. Au sein du PS, la contre-attaque s’impose.

L’étouffer ou l’isoler

Deux voies s’opposent.  D’une part : aller sur le terrain du NPA et retourner dans les manifs. C’est celle choisie par la direction du Parti. Autre voie : isoler Besancenot en le faisant passer pour un archaïque.  Royal joue sur les deux terrains. D’un côté, elle prône l’interdiction des licenciements dans les entreprises bénéficiaires et le rapprochement avec la gauche radicale. De l’autre, elle défend l’alliance avec le MoDem. Selon les circonstances, elle change sa ligne. Habile.

L’isolement, c’est ce qui guette Besancenot. Jusqu’au boutiste, il se fâche avec ses camarades. Le dissident NPA Christian Picquet a rejoint le Front de Gauche PG-PCF. Besancenot avait refusé une alliance craignant d’être phagocyté par ses concurrents. Après Nicolas Sarkozy, il est l’homme au centre de tous les débats à gauche. Une « starisation » rampante. L’extrême-gauche a trouvé son produit phare.

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La Guadeloupe, pèlerinage obligatoire pour la gauche

20/02/2009 Commentaires fermés

PS, NPA… Toute la gauche veut aller en Guadeloupe pour soutenir les grévistes. Et montrer qui est le meilleur antisarkoziste.

Ils étaient tous là. La semaine dernière, le PS. Mercredi, le PCF. Jeudi, José Bové. Ce vendredi, Olivier Besancenot, porte-parole du NPA. La gauche a trouvé sa nouvelle Lourdes : Pointe-à-Pitre. Le 16 février, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté à Paris à l’appel notamment du NPA et du PCF. « Le peuple de Guadeloupe nous a montré la voie à ce que pourrait être une grève générale ici. » avait déclaré à cette occasion Besancenot. Un nouveau défilé aura lieu samedi dans la capitale.

Paradoxe pour un parti de gouvernement. Pour gagner en crédibilité, le PS soutient les mouvements sociaux, fussent-ils radicaux. Mais gouverner, c’est aussi négocier. Le 14 février, Victorin Lurel, président PS du Conseil Régional de Guadeloupe, proche de Hollande et Delanoë, avait appelé à un « assouplissement » de la grève générale. « Nous tendons une perche au LKP [collectif à la tête de la grève] et au patronat pour qu’ils trouvent les voies et moyens d’un accord » avait-il argumenté.

Besancenot fait peur au PS

Le conflit guadeloupéen dépasse largement l’anti-sarkozisme ou l’annulation du « paquet fiscal ». La question du pouvoir des « békés » et par là, la racialisation du conflit pointe le bout de son nez. « Je n’aime pas la racialisation du conflit. Même si [Elie Domota, leader du LKP] s’en défend, et c’est à son honneur, on voit les comportements : on brûle spécifiquement certaines entreprises appartenant aux blancs » déclarait Lurel ce vendredi sur Europe 1.

Le PS craint de perdre le monopole de l’opposition. Plus encore, il craint de ne plus paraître assez à gauche. Martine Aubry, première secrétaire, voulait que les socialistes soient de retour dans les manifs.  Quitte à passer pour des récupérateurs de mouvements sociaux. A croire que rue de Solférino, on prend très au sérieux les sondages dithyrambiques sur Olivier Besancenot.

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