Une interview truquée de NKM sur LeFigaro.fr ?

Médias. ElectronLibre.info publie ce samedi ce qui serait la version originale d’une interview de Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, parue la veille sur LeFigaro.fr. Le texte aurait été « largement modifié par NKM et ses services lors d’un aller-retour entre la rédaction du quotidien et le cabinet de la secrétaire d’Etat.« . Auraient été censurés, entre autres, des passages critiques sur la loi Hadopi.

Cette interview avait été réalisée suite à une polémique entre la secrétaire d’Etat et Martin Rogard, directeur France de Dailymotion. Ce dernier l’accusait de ne pas assez défendre les entrepreneurs du Web.

Emmanuel Torregano, directeur de la publication d’ElectronLibre.info, est un ex-journaliste médias au Figaro. En septembre dernier, Marianne2.fr avait déjà accusé le quotidien d’avoir censuré une interview du Premier ministre russe Vladimir Poutine réalisée par le directeur de la rédaction Etienne Mougeotte. Une affaire à suivre.

A lire aussi

« Le coup de gueule de Dailymotion contre NKM » LeFigaro.fr (18/03)
« Dailymotion tacle NKM, qui n’apprécie pas trop » Ecrans.fr (19/03)
« Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, la politique passe (aussi) par Facebook » LePoint.fr (20/03)
« NKM et la loi Hadopi : silence, ça tourne au vinaigre » Eco.89 (18/03)
« NKM, première victime d’Hadopi » ElectronLibre.info (19/03)

Le PS, parti socialiste et libéral

Les socialistes défendent les libertés publiques. Mais leur rapport à la liberté a toujours été complexe.

« Je suis libéral et socialiste ». Par cette petite phrase, en juin dernier, Bertrand Delanoë s’était attiré tout une salve de critiques. Notamment de la part de Ségolène Royal. Elle n’hésitait pourtant pas à invoquer le libéralisme dans son livre Maintenant en mars 2007.  Crise oblige, le terme est définitivement tombé dans l’opprobre au PS. Notamment pour la première secrétaire Martine Aubry. Elle avait critiqué à demi-mots la rhétorique delanoïste.

Les choses sont plus compliquées dans les faits. Le PS a présenté ce mercredi sa campagne « Agir pour les libertés publiques » décrivant une France « en libertés surveillées » : fichage, sans-papiers, loi Hadopi… Le débat public  sur la liberté est alors renversé. La gauche emploie un discours défendant l’individu (vie privée, vie familiale…) contre une droite qui adopte la logique de l’intérêt général (sécurité publique, protection du patrimoine culturel…).

La droite anti-libérale

« La liberté, la liberté, les gens n’ont que ce mot-là à la bouche » affirmait le 4 mars la députée UMP Françoise de Panafieu des anti-Hadopi. Un argument qu’on imaginerait mal pour défendre l’assouplissement des conditions de licenciement ou la suppression de l’ISF. Notons aussi qu’une partie de la droite, notamment les gaullistes, n’a jamais brandi le drapeau libéral. Ce qui complique notre réflexion.

Le débat du collectif contre l’individu n’est pas un débat figé. Nombreux sont les sujets comme la sexualité où le rapport droite/gauche s’inverse. Les socialistes restent pourtant complexés. Se dire libéral est encore tabou. Faire la différence entre libéralisme politique et économique n’est qu’un moyen d’évacuer ce thème épineux du rapport à l’individu. Il ne peut se penser que dans sa globalité. Au lieu d’envoyer des incompétents à Strasbourg, le PS ferait mieux de résoudre ce dilemme.

Luc Besson encourage le piratage

Le producteur est en rage contre les « pirates ». Il vient pourtant de rendre un grand service à ces derniers.

Beemotion.fr, vous connaissez ? Pas moi. Du moins, pas avant d’avoir lu la tribune de Luc Besson dans Le Monde de samedi-dimanche. Ce site permet de voir en streaming (directement, sans téléchargement préalable)   de nombreux films pour certains encore en salles comme « l’Etrange histoire de Benjamin Button ». Besson a donné le site comme exemple de la complicité des grands noms de l’Internet comme Free ou Price Minister dans la diffusion illégale de films. Le cinéaste soutient la « riposte graduée » prévue par le projet de loi « Création et Internet » qui sera discuté par les députés à partir du 4 mars.

Besson trahit le cinéma français

Chose stupide que de donner dans un grand quotidien et sur son site web, l’adresse d’un site permettant d’avoir à tout un tas de films gratuitement et illégalement. En nommant un site frauduleux, Besson foire sa démonstration.  Un peu comme si la brigade des stups donnait l’adresse d’un dealer à des lycéens. Désormais des esprits tordus (comme moi) s’empresseront de mettre ce site dans leurs favoris pour se faire des séances de cinéma à l’œil. Des gens pas initiés a priori au « piratage » (comme moi) feront une jolie découverte. Sincèrement, merci M.Besson.

*Entreprise dirigée par Pierre Kosciusko-Morizet, frère de Nathalie, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique.

Edit : Besson avait déja attaqué et nommé Beemotion.fr sur Canal+ ce samedi dans « L’Hebdo Cinéma ».

Edit 2 (15/02) : Matthieu nous signale la fermeture de Beemotion.fr suite à une requête de son hébergeur Free averti par Besson.