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En France, on n’a pas d’idées mais on a des journalistes

19/09/2010

La presse fustige la politique « xénophobe » de Sarkozy. Plus par suivisme que par conviction.

« Cet homme est-il dangereux ? » C’est la une du Nouvel Obs de la semaine dernière sur Sarkozy. Dans le magazine, Hervé Algalarrondo, rédacteur en chef adjoint au service politique, s’interroge : « Cet homme est-il dangereux ? Le plus problématique dans cette surenchère sécuritaire, c’est son fondement électoraliste ». Le même écrivait en juin 2009 : « Le recentrage opéré (lors du discours de) Versailles marque le passage de l’après-2007 à l’avant-201. Un article paru dans le numéro « Les habits neufs du président Sarko ».

En juin 2009, l’Obs voit un Sarkozy « recentré », en septembre 2010, il est « xénophobe ».  La presse est moutonnière et volatile, elle suit la mode comme une ado. Quand la thèse en cours est le recentrage de Sarkozy, elle détectera tous ses signes « d’ouverture » :  Mitterrand nommé ministre, l’influence de Carla… Quand la thèse en vogue devient celle d’un président quasi-fasciste, elle se penchera sur le « malaise » des ministres « d’ouverture ». Que ce soit pour dénoncer ou applaudir, la presse agit en meute. Quitte à retourner sa veste.

Le parti du vide

Le fonctionnement de la presse n’est pas qu’une affaire de conviction. La corporation n’est pas pro ou anti-Sarkozy par idéal. Elle l’est par opportunisme. Les sondages d’opinion, les éditoriaux des stars, tout cela produit un discours ambiant dans le petit milieu journalistique. Un discours qui prend des airs de validation scientifique pour n’importe quelle théorie. Et briser cette doctrine, c’est prendre un risque. C’est prendre du temps pour trouver d’autres sources,  c’est sortir du « c’est dans l’actu » ou du « ça intéresse les gens ». Une hérésie.

Les médias ne suivent plus une ligne éditoriale propre, la presse de gauche ou de droite est morte. Il suffit de comparer les unes de l’Obs, du Point ou de l’Express pour le comprendre. Malgré leurs différentes étiquettes partisanes s’y succèdent en couverture les mêmes Francs-maçons ou palmarès des lycées. Des sujets justifiés non pas par leur intérêt politique ou économique mais par le fameux « ça intéresse les gens ». Attaquer la presse parce qu’elle serait trotskiste ou sarkoziste est une impasse. Son vrai parti, c’est celui du vide.

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  1. Chez Louise
    19/09/2010 à 18:56

    le fameux « ça intéresse les gens ».
    Mais qui détermine le « ça » et « les gens »? L’AFP? Reuters? Le Rédac Chef?
    Hier encore j’ai fait l’exercice: 80% des infos sur le fête de la fraternité étaient des reprises de la dépêche de l’AFP. reprise totale du texte AFP ou agrémentée d’une petite phrase ou d’une modification légère de l’ordre des paragraphes!!! C’est un travail de rédacteur pas de journaliste, non?
    « elle suit la mode comme une ado. »
    Bon le « une » est un peu sexiste …les ados mecs suivent également la mode , hein ;-))
    Mais c’est vrai que les médias suivent et n’impulsent pas, intellectuellement, quoi que ce soit. Ils assènent des rythmes des cadences de dépêches, qui bloquent toute possibilité de réelles analyses par le lecteur. le pire étant l’analyse assenée par l’éditorialiste soit disant expert ( politique, économique, etc…) Quasiment de l’évangélisme ;-))
    La partie informative ( racine « former »), et un peu éducative, est rarement présente ou elle est cachée dans les rubriques « sciences etc… » autant dire bien planquées.
    C’est dommage parce que tout cela ne contribue pas du tout à l’augmentation du savoir des gens…ce qui me parait une des missions du journalisme et être la raison de ce contre pouvoir qu’est la presse d’information.

    • 19/09/2010 à 19:03

      Le problème c’est que si on ne veut plus se contenter de suivre il faut des moyens et des compétences… Et surtout pas mal d’audace. Mais les journalistes en manquent. Alors on tombe dans la facilité.

      • Chez Louise
        19/09/2010 à 22:27

        Je sais, j’ai un copain qui bosse pour Paris-Match et un autre rédac chef dans un mag féminin. Je les ai vu évoluer pendant 25 ans…la honte! Le + audacieux paradoxalement est celui de Paris Match…mais depuis 10 ans, il ne l’est plus. L’autre a fait une carrière de « fonctionnaire- journaliste ». Tranbquile pépère, quelques passages TV, histoire de se faire un nom mais niveau inofs, zéro pointé. Pourtant des moyens ils en avaient 😉

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